Chiara Agradi (Université Paris I Panthéon Sorbonne / École du Louvre) Les stratégies commerciales de Polaroid ont-elles été un vecteur de création artistique ? Un voyage à travers la création, l’innovation et l’obsolescence.
Polaroid s’est imposée au fil des années en tant que pionnière d’une industrie innovatrice et créative. En prenant pour exemple le modèle de cette entreprise, il est ainsi question de s’interroger sur sa politique en soutien de la création artistique, notamment l’impact des initiatives commerciales adressées aux photographes professionnels sur la production de photographies polaroid et sur la circulation de celles-ci, entre Europe et Etats-Unis.
L’intérêt que suscite encore aujourd’hui ce média désormais obsolète, favorise ainsi l’hypothèse d’une corrélation entre les stratégies de promotion et de soutien aux photographes mises en oeuvre par Polaroid et l’intérêt qu’ils portent à l’égard de ce média, une fascination alimentée par la faillite soudaine de l’entreprise en 2008 et par la conséquente pénurie de film. Après cette date, si les professionnels ont progressivement dû recourir à des médias différents, dans la pratique artistique contemporaine les phénomènes de réactivation de pratiques obsolescentes ne sont pas sporadiques. Il est ainsi question de s’interroger sur le phénomène de revivification de la photographie polaroid aujourd’hui, comme conséquence du rôle majeur de Polaroid dans une politique de circulation des images internationales et de soutien à la création artistique, entre les années 1970 et les années 2000.
Biographie :
Chiara Agradi (Milan, 1992) est curatrice et chercheuse. Elle a obtenu la bourse Fondation Antoine de Galbert en 2021/2022. Doctorante à l’université Paris I Panthéon Sorbonne et à l’École du Louvre, ses recherches portent sur l’emploi du polaroid en Italie des années 1970 à aujourd’hui et sur l’affirmation de l’entreprise Polaroid dans le domaine des productions artistiques. Elle s’interesse au rôle du medium photographique dans la pratique contemporaine, aux interactions entre histoire de la photographie et histoire des médias et a mené des recherches autour des liens entre photographie, féminisme et poésie visuelle entre les années 1960 et 1980. Elle est actuellement chargée d’exposition à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris.