Théo Esparon (Université Paris-Nanterre). Dans le décor les oeuvres européennes deviennent des images : à propos de trois films américains des années quarante et de leur surréalisme.

Dans les années quarante, à Hollywood, de nombreuses oeuvres ont été peintes ou sculptées par des artistes locaux ou inconnus pour servir d’appui à la narration des films. C’est le cas, entre autres, du fameux portrait de Gene Tierney dans Laura d’Otto Preminger (1944). Il en va autrement des oeuvres qui restent dans le décor sans servir fondamentalement le scénario et qui se font passer pour des oeuvres de mains célèbres. C’est l’exemple connu du Picasso dans Soupçons (Suspicion) d’Alfred Hitchcock (1941) mais aussi le cas dans deux films moins connus : une Marie-Madeleine pénitente par Le Greco dans le film mexicain Double destinée (La Otra) de Roberto Gavaldón (1946) et des toiles de Dali, Rouault ou de Henri Rousseau dans Infidèlement vôtre (Unfaithfully Yours) de Preston Sturges (1948). Les oeuvres deviennent ici des images, commentaires du film, fonctionnent comme des citations et des références. Le contexte de réception de ces artistes, Picasso, Le Greco ou Dali, peut éclairer le rapport du film à l’oeuvre. Comment, en les exposant, le film écrit une certaine histoire de l’art moderne et, dans les années quarante, du surréalisme ?

Soupçons (Suspicion) d’Alfred Hitchcock, 1941

Biographie :

Théo Esparon est doctorant au laboratoire Histoire des Arts et des Représentations (HAR) de l’Université Paris-Nanterre et travaille à une thèse sur la collection d’art et les films de Josef von Sternberg. Ses recherches portent plus généralement sur les liens entre le cinéma et les autres arts et sur le phénomène de la collection. Il est par ailleurs programmateur de films et sélectionneur pour le festival Entrevues — Belfort.


Sélections de publication :

  • L’attrait de la fête foraine, coll. « Côté cinéma / Motifs », éd. Yellow Now (à paraître)
  • « Cézanne/Mann: les hommes de la pierre », Les Cahiers du MNAM, n°156, été 2021, p. 59-67
  • « Josef von Sternberg, les jungles hallucinées de Mathieu Macheret : Un guide dans un labyrinthe », Les Cahiers du cinéma, n°776, mai 2021, p.65
  • « La collection particulière de Josef von Sternberg », Trafic, n°105, mars 2018, p. 133-138