Sergio Pace (Politecnico di Torino). Un paradis terrestre en papier et couleurs vives. La circulation des images et des imaginaires de la Côte d’Azur, au début du mythe (XIXe-XXe siècles).

Qu’est-ce qu’on pense quand on parle de la Côte d’Azur ? Qu’est-ce qu’on se rappelle quand on est revenu de la Cote d’Azur ? Et, finalement, qu’est-ce qu’on voit quand on se rend sur la Côte d’Azur, avec un bagage mental déjà pourvu d’images ?

Pour cette terre, coincée entre la Provence et les Alpes Maritimes, les hivernants d’abord et les vacanciers ensuite favorisent la construction d’un imaginaire de grande richesse, mis en œuvre par tous les moyens possibles. Jusqu’à l’explosion du tourisme de masse, les Anglais d’abord, mais aussi les Piémontais, les Italiens, les Français, les Allemands, les Russes, les Américains … ont inventé un lieu, et l’ont fait connaître, grâce à un imaginaire riche, composé d’abord de gravures, de petites gouaches ou d’huiles sur toile, d’un format apte à être emmené dans les pays d’origine, puis aussi de cartes postales, d’affiches, de photographies, d’images fixes de films, de reproductions de toutes sortes. Un bagage de visions qui non seulement crée un marché florissant sur la côte, mais devient aussi une sorte de mémoire de papier pour les happy few qui y ont séjourné, ainsi qu’un aimant d’une grande puissance.

Cette terre enchanteresse est représentée à travers des stéréotypes élaborés, avec une remarquable minutie, par des créateurs d’images (et d’imaginaires) de différentes provenances et qualités : les paysagistes et, ensuite, les avant-gardes de la peinture contemporaine, qui trouvent sur la côte le lieu idéal pour reformuler l’idée même de paysage immergé dans la lumière naturelle, mais aussi les illustrateurs populaires de moindre ambition, auteurs de publicités pour les compagnies ferroviaires et hôtelières ou de cartes postales pour leurs fidèles clients. Des univers figuratifs non seulement reconnaissables, mais aussi perméables les uns aux autres, où les barrières entre peinture et illustration, gravures et affiches, artistes et graphistes sont brisées, puisqu’ils sont tous engagés dans la construction d’un paradis terrestre en papier et couleurs vives.

Biographie :

Sergio Page (Naples, 1963) est professeur titulaire d’histoire de l’architecture au Dipartimento di Architettura e Design du Politecnico di Torino. Il a travaillé et publié sur l’architecture européenne et la ville du XIXe siècle, ainsi que sur l’architecture industrielle et la reconstruction d’après- guerre. Dans les dernières années, il a consacré une grande partie de son travail de recherche, d’une part, à l’étude de la ville et du comté de Nizza Marittima (Royaume de Sardaigne), puis de Nice (France), et, d’autre part, à la recherche des racines culturelles de l’éclectisme architectural européen, entre la fin de l’époque moderne et le début de l’époque contemporaine.

http://www.dad.polito.it/personale/scheda/(nominativo)/sergio.pace https://polito.academia.edu/SergioPace

Parmi ses publications récentes :

A proposito di Nizza. La città e i suoi abitanti negli immaginari cinematografici (1930 95), dans «Storia dell’urbanistica», vol. XXXVIII (11/2019), pp.135-152.

Calma, lusso, voluttà. Mode e stili delle case di moda a Parigi tra Ottocento e Novecento, dans Loretta Mozzoni et Stefano Santini (dir.),Architettura dell’Eclettismo. Il gusto e la moda. Progettazione e committenza, Napoli: Liguori, 2019, pp. 195-204.

Mirare al paesaggio. La casa Cattaneo di Carlo Mollino sull’altopiano di Agra, dans «ArchAlp», n.s., n. 3, 2019, pp. 44-57 : https://areeweb.polito.it/ricerca/IAM/?p=5312

«Quella strada senza eguali che costeggia la Baia degli Angeli». La colonia straniera e il nuovo Cammino degli Inglesi nella Nizza Marittima di primo Ottocento, dans Alireza Naser Eslami et Marco Folin (dir.), La città multietnica nel mondo mediterraneo. Porti, cantieri, minoranze, Milano: Bruno Mondadori, 2019, pp. 241-253.

Del metodo eclettico. Le vicissitudini di un’idea di modernità in architettura, tra Settecento e Ottocento, dans Isabella Carla Rachele Balestreri et Laura Facchin (dir.), Arte e cultura fra classicismo e Lumi. Omaggio a Winckelmann, Milano: Jaca Book, 2018, pp. 109-125.

avec Laura Milan, Carlo Mollino. L’art di costruire in montagna. Casa Garelli, Champoluc, Milano: Electa, 2018.

The Soldier, The King, The Gardner, The Tourist: How The Caste, Fortifications and Walls of Nizza/Nice Became a Touristic Site (1821- 1888), dans «Revista de Historia da Arte», vol. 13, 2018, p. 221-243, https://institutodehistoriadaarte.wordpress.com/revista-de-historia-da-arte-n-o-1-2005/

Il mare d’inverno, e poi anche d’estate. Nizza Marittima, città di villeggiatura nell’età della Restaurazione sabauda (1815-60), dans Andrea Maglio, Fabio Mangone et Antonio Pizza (dir.) Immaginare il Mediterraneo. Architettura arti fotografia, Napoli: ArtStudio Paparo, 2017, pp. 267-280.

avec Davide Cutolo (dir.), La scoperta della città antica. Esperienza e conoscenza del centro storico nell’Europa del Novecento, Macerata: Quodlibet, 2016.