Fleur Hopkins (Université de Poitiers). Sciences de l’invisible et imaginaire merveilleux-scientifique : capturer les pensées, le temps et les fantômes.

L’école merveilleuse-scientifique, genre littéraire et artistique méconnu, se déploie dans les années 1900 à 1930 sous l’impulsion de l’écrivain Maurice Renard. Peuplé d’êtres qui lisent à travers les murs ou dans les pensées, de cambrioleurs aux yeux de chat ou d’astronomes capables de communiquer avec des êtres extraterrestres, le modèle témoigne d’un intérêt très vif pour le panoptisme et, avec lui, la possibilité de rendre visible l’impalpable, avec ou sans l’entremise d’un appareil optique. L’école merveilleuse-scientifique témoigne avec vivacité du dialogue constant qui existait à l’époque entre sciences et pseudosciences, rationnel et surnaturel, alors que des savants renommés, tels Flammarion ou le couple Curie, se passionnent pour les communications avec l’Au-delà, la découverte de nouvelles ondes et la possibilité de photographier les auras. Cette intervention se penchera tout particulièrement sur trois thématiques récurrentes, pétries des découvertes scientifiques les plus récentes, et nourries d’un imaginaire surnaturel vivace : la lecture des pensées, la visibilité du temps qui passe et la visualisation de créatures intangibles.

Maurice Renard, L’homme truqué [1921], couverture de Louis Bailly, Paris : Pierre Lafitte, 1923

Biographie :

Fleur Hopkins est docteure en histoire de l’art (Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; département sciences et techniques de la Bibliothèque nationale de France) et doctorante en littérature générale. Sa première thèse, Aux frontières de l’invisible : culture visuelle et instruments optiques dans le récit merveilleux-scientifique au passage du siècle (1894-1930), vise à étudier la culture visuelle du genre méconnu du merveilleux-scientifique français et a obtenu le prix de thèse SHS de PSL en Art, Esthétique et Littérature. L’auteure a, par ailleurs, été commissaire de l’exposition Le merveilleux-scientifique. Une science-fiction à la française, à la BnF (printemps 2019). Sa seconde thèse, en littérature générale, Heureusement, ce n’était qu’un rêve ! : imaginaires scientifiques dans les récits sous images pour la jeunesse chez Jules Tallandier, Arthème Fayard et Albin Michel (1903-1938) porte une fois encore sur un fonds occulté, les « histoires en images » ou « récits sous images » des années 1900-1930 dans les illustrés jeunesses, et étudie plus spécifiquement les formes prises par l’imaginaire scientifique dans ce format hybride.

Sélection de publications :

« Écrire un conte à structure savante : apparition, métamorphoses et déclin du récit merveilleux-scientifique dans la production de Maurice Renard », ReS Futurae, n°11, 2018, en ligne.

« Une image au fond de l’œil : imaginaire de l’image indélébile dans la production de merveilleux-scientifique au passage du siècle », congrès « L’œil du XIXèmesiècle », Fondation Singer-Polignac, Paris, 26-29 mars 2018, en ligne

« Approche épistémocritique du merveilleux-scientifique », Romantisme, n° 183, numéro spécial Epistémocritique, 2019, p. 66-78.

« L’illustration merveilleuse-scientifique : entre didactisme et enchantement », Revue de la BnF, numéro spécial Style de la science, 2019, p. 100-111.

Entretien, « Le « Merveilleux-scientifique », ancêtre de la science-fiction »,  France Culture, 24 avril 2019, en ligne.        

Entretien avec Hélène Combis, « Le « Merveilleux-scientifique », ancêtre de la science-fiction »,  France Culture, 24 avril 2019, en ligne.