Sara Vitacca (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). De la gravure au bibelot : la fortune sentimentale des images de la Renaissance au XIXe siècle.

Au XIXsiècle, la dense circulation de gravures, photographies, moulages en plâtre reproduisant les plus célèbres chefs-d’œuvre de la Renaissance favorise amplement le renouveau d’intérêt pour les maîtres anciens. La fortune visuelle de ces reproductions est emblématique d’un phénomène de goût qui transforme et manipule radicalement la relation à l’œuvre originale, tout en autorisant une fréquentation plus intime et quotidienne avec les modèles du passé. Une promenade à travers les ateliers et les maisons des artistes du XIXsiècle, souvent habités par les reproductions de Michel-Ange, de Raphaël, de Titien, des peintres Primitifs, nous permettra de revenir sur le rôle tour à tour pédagogique, décoratif ou sentimental que ces images occupent dans les lieux de vie et de création. Domestiqués, adaptés aux intérieurs bourgeois, transposés d’un médium à l’autre, mis au service d’une mise en scène personnelle et parfois stratégique de la part des artistes modernes, les chefs-d’œuvre reproduits de la Renaissance se trouvent en effet transformés en objets de culte, en icônes ou en simulacres qui assurent le lien avec la tradition. C’est donc la dimension symbolique, nostalgique ou identitaire de ces images, leur circulation et leur appropriation par le XIXesiècle, que nous allons essentiellement aborder dans cette intervention.

Moulage de l’Esclave mourant de Michel-Ange, atelier du peintre George Frederic Watts, Compton, Watts Gallery

Biographie :

Sara Vitacca est A.T.E.R. à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle a soutenu en 2018 une thèse en histoire de l’art contemporain intitulée Un mythe à l’œuvre : la réception de Michel-Ange entre 1875 et 1914, sous la direction de Pierre Wat. En 2019-2020 elle a été pensionnaire à l’Académie de France à Rome-Villa Médicis, où elle a poursuivi ses recherches sur la réception de la Renaissance à l’époque contemporaine et sur les représentations du nu masculin dans l’art italien du début du XXsiècle. Elle a également enseigné l’histoire de l’art à l’ENS de Lyon, à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, à l’Université Catholique de l’Ouest et à l’Institut National du Patrimoine. Elle a été commissaire de l’exposition Bacchanales Modernes, le nu, l’ivresse et la danse dans l’art français du XIXesiècle, présentée aux musées des Beaux-Arts d’Ajaccio et de Bordeaux en 2016. Les actes du colloque ayant accompagné l’exposition ont été publiés en 2018.

Principales publications (sélection) :

Michelangelomania : la réception de l’artiste entre mythe, image et création (1875-1914), Dijon, Les presses du réel, à paraître, 2021.

Les chroniques de la Villa Médicis et autres histoires d’art et de vie à Rome au XIXesiècle, Rome, Palombi, à paraître, 2021.

Bacchanales Modernes ! le Nu, l’ivresse et la danse dans l’art français du XIXesiècle, Sandra Buratti-Hasan et Sara Vitacca (dir.), Cinisello Balsamo/Milan, Silvana Editoriale, 2016.

Bacchanales ! L’ivresse de l’art, actes de colloque (Bordeaux, librairie Mollat, 17-18 mars 2016), Adriana Sotropa et Sara Vitacca (dir.), Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2019.

« Michel-Ange et les divinissime manide l’artiste : un toposréinventé au XIXesiècle », Studiolo. Revue d’histoire de l’art de l’Académie de France à Rome, « La Main de l’artiste », n. 16, 2020.